Le fameux Shinkansen, c’est un TGV japonais. Le préfixe «Shin» veut dire «nouvelle» et le mot «Kansen» signifie «la ligne principale». A l’origine, c’était une nouvelle ligne ferroviaire reliant Tokyo et Osaka, la ligne Tokaido d’environ 550 kilomètres, qui est mise en opération le 1er octobre 1964. C’était la première LGV (ligne à grande vitesse) du monde. Les Français nous ont suivis et nous ont rattrapés beaucoup plus tard, en 1981, avec la mise en œuvre de leur TGV. Donc, il vaudrait mieux dire que le TGV est un Shinkansen français, d’autant plus que le mot TGV est une marque déposée.
La route Tokaido est depuis toujours l’artère centrale de notre pays. A l’époque d’Edo, le parcours prenait environ 20 jours à pied de Edo (Tokyo) jusqu’ à Kyoto. Vous connaissez peut-être la série d’estampes japonaises de l’artiste Hokusai qui s’intitule «53 étapes de la route de Tokaido». Les voyageurs de l’époque de samourais ne s’arrêtaient pas pour dormir à toutes les étapes, bien sûr.
Le Shinkansen relie aujourd’hui Tokyo et Osaka en 2 heures et 25 minutes. Nous voyageons 200 fois plus vite qu’il y a 400 ans. La vitesse maximale actuelle sur cette ligne de Tokaido est de 270 kilomètres à l’heure, car il existe plus de virages que sur d’autres lignes. Le maximum de la vitesse de toutes les lignes de Shinkansen est de 320 kilomètres à l’heure, au même niveau que le TGV français.
En ce qui concerne la sécurité, le Shinkansen se trouve aussi au premier du monde. Depuis 1964 jusqu’aujourd’hui, il n’y a eu aucun mort de passagers. Tous les soirs sur la ligne Tokaido seule, 3 000 cheminots travaillent pour l’entretien de la voie. Le système d’alarme contre le séisme est installé depuis 1992. Ce système a bien fonctionné en 2004 au moment du tremblement de la terre de Chuetsu de magnitude 6,8. Le train Toki 235 qui roulait à 200 kilomètres à l’heure est arrivé à bien s’arrêter sans aucun blessé malgré le déraillement.
En plus de la conquête de la vitesse et de la sécurité, il faut surtout apprécier cette idée originale de concevoir ce genre de moyen de transport commun à l’heure de pleine motorisation des années 60. Une rame de 16 voitures peut déplacer environ 1 300 passagers en même temps, et le train part toutes les 4 minutes. C’est beaucoup plus écologique que de se déplacer en voiture qui émet du CO2.
Sur la ligne Tokaido, il existe trois services. La première catégorie est omnibus, le Kodama, qui veut dire «l’écho» en japonais. La deuxième, c’est le train qui ne s’arrête qu’à quelques gares, le Hikari signifiant «la lumière». Evidemment, la lumière se propage plus vite que le son. Et la dernière, qui est quasi directe, c’est le Nozomi en japonais.
Voici la fameuse question de Guide Tomo : « Voulez-vous deviner ce que signifie le mot «nozomi», si cela va plus vite que le son et la lumière ? »
En attendant votre réponse, j’aimerais parler d’autres projets de Shinkansen. Vers le printemps 2015, la ligne Hokuriku Shinkansen sera prolongée jusqu’à Kanazawa. Le temps nécessaire d’aller de Tokyo à cette ville de la côte de la mer du Japon sera raccourci de une heure et demie. Le trajet prendra seulement 2 heures et 28 minutes. Et les travaux du prolongement de Shinkansen jusqu’à l’île de Hokkaido sont en cours.
Or, est-ce que vous avez trouvé la réponse pour le nozomi ? Ce n’est pas l’éclat. C’est bien l’espoir ! Très peu de Français arrivent à la trouver. Les Japonais sont peut-être plus romantiques à cet égard.
En 2015, je devrais poser la deuxième question, car il y aura deux services directs sur la route Hokuriku. La première catégorie est omnibus, le Hakutaka, qui veut dire «l’aigle blanc» en japonais. La deuxième, qui ne s’arrête que très peu, c’est le Kagayaki. Voulez-vous deviner ce que signifie le mot kagayaki ? et la réponse sera «l’éclat».
Il ne faut pas oublier le projet du train à sustentation magnétique, Maglev (Magnetic levitation). Une partie de la ligne Chuo Linear, la distance de 42,8 km, est déjà en service expérimental dans la préfecture de Yamanashi. En 2027, la distance de 280km entre Tokyo et Nagoya sera complétée et deux villes seront reliées en 40 minutes. Tokyo-Osaka sera terminé en 2045 et le trajet de 440km ne prendra que 67 minutes. Je n’aurai même pas de temps de poser des questions sur les noms de train.
(photos ci-dessus: le train jaune pour l’entretien «Doctor Yellow» est une rareté, si vous le rencontrez, le bonheur vous arrivera.)